Alerte il ne pleut pas assez ! Economisons l'eau
L’eau est une ressource sensible en Poitou-Charentes. En effet, notre région est en déficit chronique entre demande des usages et ressource disponible. « Elle est fortement sollicitée par les différents usagers, et pour l’irrigation agricole en particulier, à une période où elle est déjà à son niveau le plus bas » observe le suivi d’étiage, état initial de 2011. Economiser l'eau est donc plus qu'un impératif pour tous, et bien sûr pour les entreprises pour lesquelles elle représente une ressouce essentielle et fragile.
Le point sur la situation des ressources en eau à mi-mai renforce les inquiétudes pour l’été 2011. Ainsi, l’ORE note dans son bulletin que "les épisodes pluvieux sont rares depuis le début du mois sur Poitou-Charentes. Exceptés quelques orages localisés autour des 2 et 3 mai, les précipitations sont quasi-nulles. Au 15 mai, 88,3% des piézomètres indiquent des niveaux inférieurs à la moyenne. Les débits actuels sont très inférieurs aux moyennes habituelles, proches de valeurs plutôt rencontrées en juillet. Les mesures de restriction ont été renforcées sur quelques bassins de la région avec le franchissement des seuils d’alerte ou de coupure. Pour en savoir plus, chacun a accès à l’information sur le site Info Eau".
La sécheresse en France et en Europe en 2011
Face à la sécheresse précoce qui sévit en Europe, des premières mesures ont été prises sur un fond d’inquiétude croissante. Sollicitée pour venir en aide aux agriculteurs, l’Union Européenne est démunie et ne peut que valider des mesures dérogatoires d’urgence, comme l’autorisation de pâturage sur les jachères. Globalement, l’Organisation mondiale de météorologie (OMM) estime que le niveau des pluies de février à avril représente de 40 à 80% de la moyenne mesurée entre 1951 et 2000 et moins de 40% pour de larges zones de l’Europe. L’OMM est pessimiste et juge que la situation actuelle « peut persister encore plusieurs semaines, ou même plusieurs mois ».
A l’issue de la Commission de suivi hydrologique (dite « comité sécheresse ») le 16 mai dernier, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, a lancé deux outils pour améliorer la gestion de la sécheresse : de nouvelles cartes de mesures de restrictions à l’image de ce que nous avons déjà en Poitou-Charentes, et la clarification du dispositif à engager en cas de situation de crise pour une action plus rapide et efficace. Elle a appelé l’ensemble des usagers de l’eau à prendre conscience de la nécessité d’agir.
Une ressource essentielle et fragile pour les entreprises
Si les industries prélèvent beaucoup moins d’eau que l’agriculture ou les particuliers en Poitou-Charentes (respectivement 5%, 52% et 43%), la qualité de leurs eaux usées nécessite un suivi et souvent la mise en place d’un pré-traitement (sources Agences de l’eau Adour-Garonne et Loire-Bretagne). La règlementation impose : l’interdiction de tout rejet chloré, la différenciation entre eaux usées domestiques, eaux pluviales et effluents professionnels, le stockage des produits traités sur des sols étanches et des produits de traitement dans des bacs de rétention.
Au-delà de la règlementation, il est toujours possible de faire mieux et des solutions innovantes le permettent, à l’image du procédé proposé par la jeune entreprise rochelaise WATERCYCLE « Nous concevons et réalisons des équipements de traitement et de recyclage des eaux de lavage qui apportent de réels avantages. D'abord économique, car la réduction de plus de 80% de la facture d'eau permet un retour rapide sur investissement avec un faible coût de maintenance. Ecologique, car il y a 0 rejet et dépollution des eaux de lavage (huiles et hydrocarbures coalescés et dégradés biologiquement, phosphates et métaux lourds éliminés par absorption, etc.). Mais aussi bien sûr, avec une protection du personnel et de l'environnement contre les risques de contaminations, et plus confortable avec une qualité de lavage identique sans odeurs nauséabondes, un encombrement réduit, un entretien facile ».
Mieux consommer
On doit considérer que l’eau intervient dans l’industrie comme une matière première qu’il convient, en bon gestionnaire, d’administrer comme telle : il faut s’efforcer d’obtenir un rendement optimum à son utilisation.
Pour cela, l’application de règles simples donne généralement d’excellents résultats.
Comprendre : la règle QOCCP
- Quand ? Noter les périodes de fortes consommations d’eau
- Où ? Définir les zones homogènes de travail qui consomment de l’eau
- Comment ? Relever de quelle façon l’eau est utilisée
- Combien ? Quantifier. Disposer de compteurs dans chaque unité homogène de travail
- Pourquoi ? Ecrire les différents usages de l'eau pour chaque unité homogène de travail
Agir
- Ne pas laisser l’eau couler : fermer les robinets. Le cas échéant, poser des robinets à fermetures temporisée, poser des économiseurs d’eau aux robinets (réduction de 30 à 50% de la consommation)
- Utiliser des chasses d’eau à double poussoir
- Utiliser des éviers à commande fémorale
- Utiliser des autoclaves à vapeur
- Repenser les méthodes de nettoyage, grosses consommatrices d’eau ; préférer les rinçages à la lance sous pression plutôt que le rinçage à grande eau, souvent moins efficace et source de gaspillage
- Hiérarchiser les besoins qualitatifs : a-t-on toujours besoin d’eau potable ? Peut-on réutiliser l’eau de pluie pour l’abreuvage d’animaux par exemple, ou encore les eaux propres d’autoclave pour le nettoyage des sols ?
- Graduellement, instaurer une comptabilité précise par produit ou par atelier.
Convaincre, montrer l’exemple, responsabiliser
La prise de conscience de l’entreprise pour une gestion optimale nécessite un état d’esprit nouveau à tous les niveaux. Ainsi, l’écoute des suggestions de chacun, la fixation d’objectifs et la responsabilisation des acteurs permettront des progrès encourageants.
Jean-Paul BILLY, dirigeant de la Sté ANETT à Thouars (location entretien d’articles textiles) témoigne de cette prise de conscience et des efforts de son entreprise pour laquelle l’eau est stratégique : « Notre éco-process, est ainsi réalisé :
- l'eau de process provient d'une carrière naturelle,
- l'eau de process est chauffée grâce à un échangeur thermique qui récupère les calories des eaux usées, ».
- le renouvellement de notre équipement de lavage a permis une économie d'eau passant de 20 litres/kg à 11 litres/kg de linge traité (un lavage ménager consomme en moyenne 12 à 13 litres/kg),
- la maîtrise du dosage produits chimiques /eau en fonction du poids de linge traité,
- la lessive utilisée est exempt de phosphate pour la protection de notre environnement,
- nos rejets sont traités dans une station d'épuration de type lagunage aéré,
- le suivi des consommations des énergies (eau, gaz, électricité) en tant qu'indicateurs dans le processus du service de maintenance
Bernard GONTIER, dirigeant du Grand Hôtel de la Brèche "Best Western" témoigne également des bonnes pratiques et des intérêts économiques de cette démarche : « la moyenne de nos consommations en eau potable est d'environ 20m3 par an et par chambre au lieu de 45m3 :
- les robinets sont équipés de réducteurs de débit passant de 8 litres par minute à 3 litres/minute,
- les douches sont également équipées d'économiseurs réduisant la consommation de 14 litres par minute à 7 litres/minute,".
- les chasses d'eau sont équipées de double flux,
- ces différents équipements permettent de diviser par deux nos consommations d'eau, soit à terme plus de 1100 m3 par an seront économisés.
- enfin, nous suivons nos consommations, ce qui nous permet de réagir rapidement s'il y a des dérives (fuites...)
Quelques bonnes pratiques valables pour tous
Quelques bonnes pratiques peuvent avoir des impacts non négligeables : utiliser les revêtements de sols et des murs à la fois lisses et en bon état (surtout dans l’agro-alimentaire) afin d’éviter les nids bactériens ou les souillures persistantes, utiliser des siphons ou grilles pour améliorer la récupération des matières solides s’écoulant avec les eaux de lavage, utiliser les produits de nettoyage les moins toxiques possibles en respectant les dosages, récupérer les eaux de pluie (surtout pour les entreprises qui ont de grandes surfaces de toitures) qui offrent de nombreuses possibilités d'usages non alimentaires et non corporels : lavage de véhicules, de matériel, entretien de voiries, WC collectifs, etc.
Il revient à tous d’économiser l’eau, n’hésitez pas à vous renseigner sur toutes les possibilités dans votre activité, et bien sûr à sensibiliser vos équipes… vos fournisseurs… vos clients !
Cliquez sur la carte pour visualiser la situation en temps réél
La situation mise à jour en continu de la situation et des mesures de restriction qui vous concernent localement sur info eau et sur le site des acteurs de l'eau de l'ORE (Observatoire Régional de l'Environnement)
L'appel à candidature "Eau claire" d'EI2S pour accompagner les entreprises dans leur gestion de l'eau (date limite 20 juin)
Colloque européen NOVIWAM "La recherche au service de la gestion intégrée des ressources en eau" le 10 juin à Poitiers
N'hésitez pas à contacter vos conseillers dans les CCI de Poitou-Charentes
