

Située à Niort, l'entreprise Moinet et fils, "cash and carry" grossiste en fleurs et plantes, a misé sur la réduction de ses déchets en participant à l'opération "-10% déchets" lancée par le Conseil général, la CCI Deux-Sèvres et l'ADEME. Cette démarche s'inscrit dans une approche responsable que développe cette PME familiale de 60 personnes, qui a aussi fait le choix de s'investir dans de la production locale de fleurs. Le bilan de l'opération est plus que positif puisque d'une tonne l'entreprise est passée à moins de 400 kg par mois de déchets. Témoignage de Philippe Moinet, dirigeant.
Ne plus voir le déchet comme une perte
Pourquoi participer à l'action "-10% de déchets en 1 an" ?
Il y a déjà une quinzaine d'années que notre entreprise est sensibilisée à la question des déchets. A notre arrivée dans l'entreprise, nous avions déjà senti qu'il fallait la faire évoluer sur cette question. Nos produits sont des végétaux, des produits vivants qui nous confrontent à une masse de déchets, nous avons donc intérêt à être en première ligne sur ce sujet. Quand Jean-Christophe DUNOT, conseiller Environnement et Développement Durable à la CCI Deux-Sèvres, nous a contacté nous avons tout de suite accepté. C'était l'occasion de poursuivre sur notre lancée : de continuer à valoriser nos déchets.
Concrètement, quelles actions ont été mises en place?
La première chose a été de créer un groupe au sein de l'entreprise pour l'appropriation et l'émergence d'idées. Nous avons optimisé la réutilisation des cartons d'approvisionnement des plantes. Maintenant nous réutilisons également les pots et plaques pour notre propre production, des choses simples auxquelles nous ne pensions pas forcément et c'est en cela que l'avis des consultants est enrichissant.
Notre personnel a été amplement sensibilisé au tri des déchets depuis 15 ans, et aujourd'hui nous l'avons nettement amélioré avec notamment la mise en place de zones de déchets avec des poubelles dédiées à chaque type de déchet. Enfin, nous avons édité un petit fascicule pour le personnel reprenant les bonnes pratiques, de cette façon les saisonniers et stagiaires peuvent comprendre facilement notre fonctionnement.
Quels en sont les résultats ?
Nos actions de réductions nous ont permis de limiter l'augmentation des déchets. A chiffre d'affaires égal nous avons diminué de 26% nos déchets en 10 ans. En travaillant sur la valorisation de nos déchets nous sortons ces déchets de la mise en décharge, par cette action nous avons ainsi réduit de 60 % l'enfouissement de nos déchets. Sur le plan financier, cela représente près de 4000 euros sur une année, ce qui est considérable. Nous sommes plus rigoureux. Et je dirais surtout qu'aujourd'hui on ne cesse d'être vigilants et attentifs. Nous avons une autre mentalité : on utilise volontiers le terme "valoriser" à défaut "d'éliminer" en parlant de déchet et on se pose toujours la question de savoir "comment pourrait-t-on éviter ce déchet ?". Pour cela les échanges avec les autres entreprises participantes à l'action ou les visites d'usine nous ont donné des idées. C'est une démarche ambitieuse mais qui s'inscrit dans l'époque actuelle, car les pratiques ont sensiblement évolué.
Quel conseil donneriez-vous en particulier à d'autres entrepreneurs ?
Le premier conseil que je pourrais donner c'est de suivre son tonnage de déchets en volume, en coûts et par rapport à un indicateur d'activité, c'est grâce à ce suivi que nous pouvons montrer que telle ou telle action fonctionne !
Nous avons pu constater qu'il n'y avait pas assez de contacts avec les prestataires de déchets qui peuvent avoir des débouchés possibles. Dès qu'on pose des questions, on s'aperçoit qu'il y a des solutions !!! Et bien sûr d'investir dans le développement durable. C'est une transformation stratégique qui, pour nous, paraît indispensable.